Pourquoi voyager ? parce que le voyage c'est l'imprévu Il y a bien les avions qui nous emmènent à un point de destination, avec ou sans visa, mais avec billet de retour ou de continuation obligatoire. Entre les deux, c'est bien l'imprévu. L'imprévu des rencontres improbables. Une femme seule, ça éveille forcément la curiosité, surtout en pays musulman, mais pas que.... A Sumatra, chez les Batak, (chrétiens en pays à dominante musulmane), une femme glissait à l'oreille de mon guide et ami Hérikson et lui-même Batak : "si j'étais ses enfants je ne la laisserai jamais partir seule".
Parce que l'imprévu c'est le beau, ou plutôt "Le beau, c'est l'imprévu" (Thomas Bernhard)
Voyager c'est se mettre dans un état mental différent, sinon pas facile de comprendre les autres. C'est faire taire ses habitudes. En fait c'est se mettre en état de voyage.
Je voyage pour me perdre un peu, pour perdre mes idées toutes faites.
Je pars, non pas en voyage organisé (jamais arrivé) mais en voyage désorganisé.
Il y a quelques mois, en Malaisie, j'étais chez une amie Chinoise à qui je confiais l'envie que j'avais, à 20 ans d'aller aux Célèbes (Sulawesi, pays des Torajas) . Et dans la foulée, je me suis demandée pourquoi je n'irai pas maintenant, aujourd'hui, tout à l'heure ? Le lendemain j'achetais mon billet sur Air Asia (le bus volant d'Asie) et j’atterrissais quelques quatre heures plus tard, à Makassar, une ville dont le nom ne peut que faire rêver les vrais voyageurs ou ceux qui voyagent dans leur chambre ou dans leur tête.
Je me souviens être allée à New York, uniquement pour y rencontrer un jeune moine birman qui avait fait la révolution safran dans son pays et vivait en réfugié à Brooklyn.
J'aime m'étonner aussi. Me surprendre. Ou me laisser surprendre par des inconnus, que je suis, sans trop me poser de question. Je me surprends même à avoir peur, pour vaincre ma peur (celle de l'avion pour commencer).
On m'a souvent demandé si j'avais jamais eu peur ? A chaque fois j'ai fait cette réponse : "je n'ai peur que des moustiques. Avec eux je ne peux pas discuter".
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