Après l'attentat de Nice.....la violence de tous contre un ou "La théorie du bouc émissaire"
Le peuple gronde, il est en colère. Trouver des responsables ? des boucs émissaires ? Cela existe depuis la nuit des temps. René Girard a sublimement expliqué pourquoi nos sociétés éprouvaient le désir, le besoin irrépressible (et inconscient), de désigner des boucs émissaires que l’on charge de tous nos maux. Pour résoudre les crises, pour apaiser les tentions de la société, le sacrifice du coupable est une nécessité.
Alors pourquoi s’exciter sur le peuple qui accuse Hollande, parfait bouc émissaire de notre société ? Un bouc que la droite, l’extrême droite, l’extrême gauche et même la gauche rendraient responsable de ces horreurs et carnages ?
Avec les réseaux sociaux, tout le monde peut dire, réclamer, contester, exiger, se plaindre, reprocher…C’est la faute à Hollande…. Ils (ceux qui râlent) ne se rendent pas compte qu’ils font ce que l’on a toujours fait depuis la nuit des temps : réclamer un bouc émissaire (on faisait des sacrifices humains dans les temps anciens : Abraham par ex. et d’autres qui ne me viennent pas à l’esprit).
Alors pas de leçon. Les psys sont nécessaires et sont là pour écouter les gens parler, s’épancher, gueuler, pleurer. La parole libère. La colère, la frustration doivent couler pour faciliter la guérison et l’oubli.
Je n’aimerais pas être à la place des politiques, particulièrement en ce moment, et pourtant regardez-les, ils se battent pour atteindre le poste suprême ou pour le garder. Alors tout a un prix, ou plutôt « tout se paye le bien comme le mal » disait Céline.
Pour apaiser les tensions de la société, le sacrifice du ou des coupables est presque toujours exigé dit René Girard - Juifs, handicapés, riches, sorcières, hommes politiques, musulmans, Louis XVI - sur lesquels on projette nos désirs de vengeance, faute de pouvoir les assouvir nous-mêmes réellement. (C’est vrai on ne va pas se mettre à tuer des islamistes par exemple…)
Alors « l’homme » ne va pas changer, il est ainsi fait depuis des temps immémoriaux. En revanche, les têtes, on peut les changer, faute de les sacrifier, les mettre sur l’échafaud ou la leur couper !!
Dans « La violence et le sacré » Girard explique que dès l’origine, les groupes humains ont dû se protéger contre l’emballement des désirs. (Je veux ce que tu as... Donc guerres, conflits) et ont fait appel au sacrifice du « bouc émissaire » Si l’on accepte cette hypothèse, les mythes des Indiens d'Amazonie, les sacrifices de l'Inde védique, mais aussi, plus proches de nous, les récits d'immolation de sorcières ou les massacres de juifs au Moyen Age, révèlent d'étranges parentés.
« Ce qui menace le plus dangereusement toute société, c’est la violence réciproque (le cercle des violences privées qui engendrent vengeances et contre-vengeances). Le rite sacrificiel serait la répétition d’un premier lynchage spontané qui a ramené l’ordre au sein d’une communauté. Dans ce lynchage, la violence de tous contre tous se résout dans la violence de tous contre un. Autour de la victime sacrifiée se reforme l’unanimité de la collectivité apaisée par cet exutoire. Se produit ainsi une solidarité dans le crime. »
Donc pour casser le cycle des violences réciproque il faut sacrifier un « bouc… émissaire » ? Mais attention celui qui sacrifiera le bouc émissaire, pourra, à son tour, devenir le prochain bouc émissaire !
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