Medan, capitale de Sumatera, une « non-ville » tentaculaire traversée par un flot incessant de voitures, de camions, et de becaks. Quelques joyaux d’une époque coloniale hollandaise révolue, quelques "high buildings" en construction qui, une fois terminés, n’auront rien à envier à ceux des grandes villes d’Asie, quelques hôtels de luxe pour hommes d’affaires et touristes indonésiens (principalement de Java, l’île-capitale), Malais et Thaïs. Une ville sans véritable centre avec maisons basses à l’infini. Sortir de Médan, c’est bouchonner pendant des heures. C’est slalomer entre derniers modèles japonais et "becaks" antiques. Impossible de dépasser le 30 à l’heure, chacun cherchant à se faufiler, se glisser, s’extirper de ce magma mécanique….
Et en matière de magma, l’archipel indonésien (plus de 18 000 îles), a ce qu’il faut dans ses tripes. Plus de 70 volcans en activité sur une centaine. Certains avec cônes fumant, lâchant de temps en temps leur gaz, fumées et cendres chaudes. Une terre bouillonnante autant que multiple par ses ethnies, ses langues et dialectes dont les Chinois considérés un peu hors caste, même lorsque bien intégrés (?) depuis des générations et ayant adopté la nationalité indonésienne. Ils furent longtemps les « têtes de turcs » ! accusés de tous les problèmes en périodes de crises. Et furent joyeusement massacrés lors de révoltes dans les années 60. Des Chinois pas forcément aimés. Pourtant il y en a un qui a laissé une belle empreinte dans la ville de Medan et sur l’île de Sumatera. Il s’appelait Tjong A Fie.
Il fut un brillant et délicat intermédiaire entre les colons dominateurs Hollandais et les communautés chinoises que ceux-ci avait fait venir pour travailler comme coolies dans les plantations de toutes sortes. Car cette terre de feu est aussi une terre d’épices (everything to make you hot)
Sa maison (comme la maison bleue de Georgetown à Penang) a été transformée en mini musée. Ambiance unique. So chinese. Photos, costumes. Vie suspendue.
Ce « Vénérable » disait : « There, on earth where I stand, I hold the sky. Success and glory consist not in what I have gotten but in what I have given »
"Sur cette terre sur laquelle je me tiens debout. Je soutiens le ciel. Succès et gloire ne consistent pas en ce que j'ai obtenu mais en ce que j'ai pu donner"
« Un homme entre deux mondes » c’est ainsi qu’on l’avait appelé.
Nous aussi, ne sommes-nous pas entre deux mondes ?
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