Suite aux sanglants événements, dont le dernier en date à Nice, je me demandais si j’étais raciste. Je me demandais aussi si j’avais le droit de ne pas aimer, d’aller même jusqu’à haïr ceux qui tuent mes semblables. Aimer, haïr, c’est dans nos gènes, dans la nature humaine, l’un n’existe pas sans l’autre… et celui qui dirait je continue d’aimer ceux qui éliminent ce que j’ai de plus cher au monde, me semblerait plutôt suspects.
Donc j’ai le droit de haïr. Mais comme je suis civilisée, ma haine, je la canalise, je la domine, je la raisonne… On m’a appris au catéchisme à tendre l’autre joue, ben non, je n’irai pas jusque là. Mais la haine fait partie de moi en tant qu’animal, ma raison me commandant de ne pas la laisser éclater (vengeance).
Suis-je raciste ? Tout le monde l’est. Croire que seul le blanc l’est contre tous les autres (qui ne seraient pas de sa couleur ou de sa religion), c’est de l’angélisme primaire.
J’ai fatalement une dose de racisme en moi, pire, elle est exacerbée lorsque la volonté délétère du pouvoir en France est de tout ramener à « ça ». Critiquer c’est du racisme, se révolter c’est du racisme, ne pas aimer c’est du racisme etc etc
Les toutes premières fois où j’ai subi le racisme c’était au cours d’un long voyage avec mes deux enfants :
- La première fois parce que j’étais française
- La seconde fois parce que j’étais blanche
Je raconte. La première fois : c’était à Sydney. Mon mari et moi avions trouvé des boulots !! (des boulots d’émigrés : peintre en bâtiment, employée dans une laundry, vendeuse de chaussures etc..) Après avoir été accueillis (tous les 4) chez une infirmière d’origine Écossaise rencontrée auparavant à Bali, puis hébergés chez une Hollandaise mariée à un Marocain absent, nous avions trouvé un petit appartement dans une maison à Bondi Beach. Au-dessus de nous, un couple de vieux Australiens (par des vrais, je veux dire pas des Aborigènes, non, mais sûrement d’anciens « convicts » britanniques). Mes enfants allaient à l’école de Bondi et faisaient un peu de bruit en rentrant le soir. Les menaces verbales ont commencé, puis les insultes, jusqu’au jour où le vieux et gros australien (vous voyez bien que je suis raciste !) est venu épingler des menaces contre les Français que nous étions sur notre porte d’appartement. Un papier planté avec une flèche !
La deuxième expérience de racisme, fut vécu au cours de ce même long voyage. Au Sénégal. Pas envie de raconter, pas envie de me remémorer ces insultes parce que je ne souhaitais pas acheter ce que les vendeurs de rue me « forçaient quasiment » à acheter. J’étais raciste parce que je ne voulais pas être celle qui achète.
Je suis donc raciste comme à peu près tout le monde, à des degrés différents. Je le sais j’ai parcouru le monde dans tous les sens pendant presque 40 ans. La seule différence, c’est qu’en voyageant j’ai toujours cherché à comprendre la culture de l’autre, ce qui est pour moi la seule façon de voyager. C’est pourquoi j’ai appris ou tenté d’apprendre des langues étranges : mandarin, thaï, indonésien. Pour l’espagnol et l’anglais c’était déjà fait.
Je suis raciste, ceux qui nous haïssent sont racistes, c’est ainsi. Mais on peut être raciste sans être barbare. Je n’ai jamais menacé personne, je n’ai jamais fait de mal à personne en raison de sa couleur, de sa religion, de son ethnie. Je n’en pense pas moins parfois, mais je me contrôle, je suis civilisée.
Ceux qui veulent nous tuer sont non seulement « racistes », mais aussi « barbares ». Voilà la différence entre eux et moi.
mes enfants écoliers à Sydney. Blanc et noir !!
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