"Ici, là-bas... Rien ne se conjugue de la même façon"
La photo, c’est je te regarde comme tu me regardes. Il en est de même pour les voyages, à ceci près qu’au lieu de regarder une personne, on regarde un pays, un village.
Je te regarde parce que je veux te comprendre, au moins essayer.
Les pays que je parcours, seule, me font et me défont. Ils sont livres d’histoires et d’Histoire. En les feuilletant, ils me construisent. Me défont aussi, car me déstabilisent, font vaciller mes convictions. Rien ne se conjugue de la même façon ici et ailleurs : dire je t’aime là où on ne le dit pas, montrer de l’enthousiasme là où on est stoïque, s’isoler là où tout se partage, éclater de rire là où l’on courbe la tête.
Se déconstruire donc et faire sauter le puzzle de nos certitudes.
S’assumer en tant « qu’autre », « l’étrangère » qu’on observe, dévisage… idéalise parfois. Rester soi-même, surtout ne pas se renier, tout en se pliant aux rites de ceux qui accueillent.
A Sumatra, terre volcanique, d’une province à l’autre, à Banda Aceh, terre de charia.
30 ans de guérilla avec un parti indépendantiste, le GAM (Gerakan Aceh Merdeka). Pourquoi l’indépendance ? parce que cette province est riche de gisements de gaz naturel et de pétrole.
Langsa, petite ville du bout du monde, port ensablé dans une mangrove aux racines tentaculaires. On m’apostrophe, me sourit, pourtant on déconseille cette région. (la nuit en ville, ma chambre qui donnait sur un parking fut gardée par un soldat armé jusqu’à mon départ le lendemain matin).
Ah j’oubliais de dire que voyager c’était aussi « oser ».
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