J’aime la photo par-dessus tout. Elle est liée à ma curiosité, à l’envie de créer des contacts et/ou de raconter des histoires. Pas de photo sans histoire.
En voyage, même les photos prises sur le vif racontent un fragment d’histoire, celle d’un pays, d’un quartier, d’une personne.
La photo est complicité. Un portrait c’est un petit miracle, un instant magique, éphémère, un échange complice.
La photo c’est un voyage, une interprétation.
La photo c’est un regard sur le monde, sur « l’autre », un moment de grâce.
C’est aussi une apparence. Qui est cet autre ? cet autre avec son arrogance, sa soumission apparente, sa timidité, son défi ? L’autre avec les préjugés que j’ai sur lui, sur ce que je sais de lui et de sa culture, ou ce que je ne sais pas de lui…, cet autre avec ses mêmes préjugés me concernant, moi, la voleuse d’images.
J’avance vers une personne nus pieds, ou plutôt sur la pointe des pieds, à la fois invisible et insistante, mais toujours l’esprit ouvert. D’égal à égal. Mais l’est-on jamais ?
Parfois je me trompe.
Parfois je suis subjuguée par la beauté, l’apparence de ce que l’on me donne à voir ou mieux…. de ce que l’on me cache.
On ne sait jamais tout à fait comment fonctionne l’autre.
En tant que photographe, je me sens un peu comme l’écrivain qui fait naître des personnages avec des mots, moi je fais naître des personnages qui n’existent mais qui prennent forme avec mon regard. Vrai ou faux ? Tout est interprétation.
La photo c’est ce que je crois savoir de l’autre, c’est ce qu’il donne ou ce qu’il retient… la vérité ou le quiproquo.
Mais bon dieu de merde, (j’aime bien dire des gros mots) si l’illusion est bien cachée, elle dit parfois bien plus que l’apparence de la réalité.
La photo c’est une liberté, une aventure, une intrusion, une découverte. C’est avoir l’œil indulgent, c’est l’instinct du moment, c’est une mise en scène en quelques nano secondes, avec le cadrage, la lumière, la profondeur de champs, appris et assimilés et qu’on a oublié, forcément oublié, mais qu’il faut impérativement appliquer. Sans le savoir, parce que d’instinct.
La photo c’est l’ivresse d’un moment partagé et immortalisé.
ET merde aux photos clic clac, aux photos plates, insipides, qui ne racontent rien, ne montrent rien et sans histoire. Photo souvenir ? C’est souvent l’excuse. Non, le souvenir, c’est ce qui reste…après bien après, lorsqu’on a laissé passer le temps.
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