L’OPTIMISME
Ou s’enivrer de poésie, de rêve ou de boisson…. (Selon que l’on suit Nietzsche ou Baudelaire )
Le pessimisme - état d’esprit qui nous fait percevoir la vie de façon négative, induisant ainsi un état conduisant à la dépression - vient d’être déclaré maladie au même titre que le burn-out. Les médias du moment (nouvelle année oblige) nous conseillent donc de cultiver l’optimisme pour vivre plus longtemps. A quand donc un médicament concocté par les laboratoires pour nous faire sourire, pour transformer le négatif en positif, pour nous faire voir la vie en rose (ça existe déjà ?) Les gens qui sourient vivraient plus longtemps que ceux qui « font la gueule » et avec moins de maladies ? Pourtant, en Thaïlande - pays du sourire par excellence - les gens meurent des mêmes crises cardiaques, de tension artérielle, AVC et autres malades dues au stress. Pire, c’est un des pays où l’on consomme le plus d’alcool au monde.
Cette découverte récente sur les effets bénéfiques de la bonne humeur sur la santé (tests et études l’attestent) serait-elle donc la nouvelle potion magique pour nous aider à supporter tout ce que cette année nous réserve de révoltant, de choquant, de méprisable, de dégradant ? Nous apprendre à voir le verre à moitié vide au lieu de le voir à moitié plein ?
On commence déjà à vendre des méthodes dans les librairies. Et pourquoi pas la bonne vieille méthode Coué ?
IL n’y a pas de méthode universelle à l’optimisme, chacun doit probablement avoir la sienne en elle-même. Comment la cultiver est une autre histoire. Certains se contentent de rêver, d’autres, d’espérer, d’autres d’agir, d’autres, de faire l’autruche, d’autre de masquer la réalité etc.
Personnellement, je n’ai pas de méthode. J’aime voir lucidement la réalité autour de moi, la dénoncer, la traquer la disséquer (pour autant qu’on m’en donne suffisamment à voir et à comprendre). Je privilégie la connaissance au refus, le regard posé plutôt que le regard détourné. Ça fait mal ? sans doute, mais c’est comme un coup de fouet qui donne envie de réagir. Donc, d’être vivant. Pour moi le problème n’est pas de vivre plus longtemps, mais de vivre vraiment, avec des coups de gueule, des coups de sang, des coups de poing, des crises de larmes aussi. Je suis contre la pilule qui nous rendra tous heureux demain…
Pour cultiver l’optimiste, il faut avoir des envies. Les envies sont des moteurs qui nous font oublier les horreurs de l’existence contre lesquelles nous ne pouvoir rien. Décider de faire du sport, d’écrire son journal, de s’occuper des autres, de boire ou de s’arrêter de boire, de rêver ou de ne plus rêver (même si Nietzsche a écrit « C’est grâce à deux états que l’homme conquiert la sensation du délice d’exister : le rêve et l’ivresse »)
A chacun ses rêves et son ivresse donc…
Avoir des envies donc… ou plutôt des passions.
Ma passion, c’est de faire de la photo… donc, de porter un regard émerveillé et toujours renouvelé sur ce qui m’entoure. Que ce soit dans la forêt de Bornéo, dans un village Batak de Sumatra, dans une ethnie Chinoise du Guizhou ou tout simplement en Bretagne, une des plus belles régions de France.
Alors enivrez-vous… et pour citer Baudelaire :
« Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous ! »
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