Je n’ai pas acheté "La Dénonciation" de Bandi, (« Luciole » en coréen), je l’ai pris en main et feuilleté… Les histoires qu’il raconte sous forme de « nouvelles » me rappellent étrangement un autre pays.
Comment vivre sous la dictature ? Ce livre – exfiltré bien sûr – décrit le quotidien de Corée du nord. Des cauchemars
Des cauchemars, comme en Thaïlande. La preuve par trois ou quatre :
BANDI (Corée du nord) : Une femme tente de préparer un petit déjeuner pendant une famine
MOI (Thaïlande) En Isan précisément, j’ai assisté à la chasse aux rats, c’était joyeux et essentiel, festif et sauvage, le rat est tué à coups de pic. Un rat énorme aussitôt balancé dans l’eau bouillante avant de le dépiauter et de le faire cuire en ragoût. J’ai goûté, juste un peu, pour ne pas avoir l’air de mépriser mes hôtes que je filmais, et surtout pour leur laisser leur part de protéines.
BANDI : Un directeur d’usine écartelé entre l’envie d’éviter de dénoncer un ami tout en voulant rester dans les bonnes grâces du « parti ».
MOI : En Thaïlande, les parents d’une jeune femme mariée à un britannique. Elle quitte son pays pour vivre à Londres et ouvre enfin les yeux sur la réalité de son pays, loin du « catéchisme » dont on lui a bourré le crâne à l’école et dans sa famille. Elle écrit un blog pour tenter de déciller le regard de ses compatriotes. Sa famille reçoit des menaces de mort, alors, ils dénoncent leur fille aux autorités militaires, pour se protéger. Ma petite Rose, je t’aime.
BANDI : Une mère de famille va commettre l’irréparable en cachant le portrait de Marx à son bébé qui n’en supporte pas la vue
MOI : En Isan, des milices ou des policiers ou des militaires - sous de fallacieux prétextes – pénètrent dans les maisons des pauvres (ceux qui ont soutenu Thaksin un premier ministre viré par l’armée) pour vérifier qu’ils ont bien le portrait du roi dans leur maison. Des fois qu’ils seraient anti-royalistes !!
Vous aimez la Thaïlande ? aimez-la avec son sourire et ses bubons, aimez-la avec sa grâce et ses furoncles, aimez-la avec sa politesse et ses tumeurs, aimez-la avec sa soumission et ses cancers. Son cœur bat sous la botte des militaires depuis 1932 (à l’exception d’une courte démocratie entre 73 et 76)
Pendant 10 ans j’ai essayé d’expliquer son pays à mon chéri, lui qui l’a servi. Il m’écoutait en souriant, moi la farang qui cherche toujours à comprendre. Quelle nécessité hein ?
Sauf que… interdite ou pas de ce pays, pour cause de grande gueule, je n'y remettrais plus jamais les pieds, mon chéri est donc venu me rejoindre dans un pays voisin et là, il a pu écouter une radio qui émettait hors de Thaïlande et qui disait… exactement ce que je lui disais.
Il n’est pas plus heureux maintenant qu'il sait.. Faut-il en déduire que le savoir ne sert à rien ? Qu’il est préférable de ne pas chercher à comprendre ? Donc de se soumettre ?
ENTRE MARCHER DANS LE NOIR ABSOLU SANS AUCUN ECLAIRAGE ou MARCHER AVEC UNE LAMPE DE POCHE…. C’EST QUOI VOTRE CHOIX ?
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