Lorsqu’on est persuadé appartenir au camp des « bonnes personnes » คนดี khon dee, donc au camp du « Bien », l’idée naît alors de vouloir faire le bonheur de tout un peuple, même contre son gré. (Rendre le bonheur à la Thaïlande, discours du Général P) . Vient alors, comme une évidence, la tentation de détruire ceux qui s’opposeraient à cette croisade, et qui, de ce fait, se trouvent dans le camp du « Mal », les « mauvaises personnes » : คน ไม่ด khon maï dee.
Alors tout est prétexte pour tuer ceux qui refusent ce bien supérieur. (Massacres des étudiants et des manifestants en 1973, 1976, 1993, 2010), ou pour mettre en prison ceux qui refusent de se soumettre à la loi d’un seul, ceux qui se rebiffent, ceux qui disent non.
Au nom de ces principes, les nazis ont fait l’holocauste, – Mao la révolution culturelle – Staline, les goulags - Les islamistes , des terroristes kamikazes au nom d'Allah - les Japonais, des kamikazes au nom de leur divin empereur.
Pour tous ceux-là (cités plus haut, les Mao, Staline, Fidel, Hitler etc)….. la vie humaine ne signifie pas grand-chose. Le Général P, lui, au nom du Bien, et au nom d’un roi - pantin consentant d’abord, puis muet aujourd’hui – emprisonne des gens simples, chaînes aux pieds, et sans avocat pour des dizaines d'années (une veuve, un vieux professeur, un malade mental et tant d’autres pauvres bougres), pour avoir osé critiquer une famille parasite, la junte qui la représente, ou les mesures catastrophiques prises par le général P lui même, pour l’économie du pays. (last but not least)
Aux dernières informations, le général P était en train de passer commande d’armes (tanks, sous-marins) aux Russes et Chinois, pour maintenir le bien, dans le camp du bien, et pour les personnes bien.
Je suis en train de lire un livre bouleversant de Richard Flanagen (« La route étroite vers le nord » Acte Sud). Flanagan décrit le calvaire enduré par les prisonniers Australiens par des Japonais, sur la voie de chemin de fer dans la jungle, entre Siam et Birmanie. Un récit qui n’est pas qu’à charge. Flanagan y décrit subtilement l’âme humaine : celle des geôliers et celle des prisonniers. « Même les bourreaux sont humains. Les auteurs des pires horreurs sont aussi humains que leurs victimes, qui, à l’inverse, seraient potentiellement capable d’infliger les mêmes souffrances ».
J’essaie, je me demande, je doute, je cherche quel est le côté humain du Général P.
Finalement la condition humaine est absurde.
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