« When feet are silent », telle est la belle expression birmane signifiant « il fait très chaud ». Il n’y a malheureusement pas que les pieds qui font silence en Birmanie, les bouches aussi sont muselées. La presse est étouffée. Et pas seulement l’étrangère, mais la presse locale également. La peur impose silence à ceux dont c’est le métier de raconter, de rendre compte. « Feet are silent »
A un point de la frontière où je me trouvais l’autre jour, un groupe de journalistes de l’état Karenni risque des années de prison pour le simple fait d’évoquer de prochaines élections. Ils travaillent dans une hutte de bambou, sur un ordinateur fonctionnant sur batterie, sur un sol transformé en gadoue par les pluies récentes. Cette frontière est peut-être loin de Rangoon et des tentacules de la pieuvre mais ça reste extrêmement dangereux. Un journaliste raconte qu’un de leurs informateurs – il n’avait que 25 ans – qui avait envoyé quelques informations qui tenaient sur la page d’un mini-ordinateur, avait été arrêté et condamné à 37 ans d’emprisonnement. « Feet are silent »
Nommer un village ou une personne est dangereux. Les autorités ou les groupes ayant signé des cessez-le-feu (pactisé) avec la junte, se mettent aussitôt en chasse. C’est valable aussi si l’on informe sur les endroits ayant subi des désastres naturels. Les villageois ont peur d’en parler. Ils disent : « l’armée viendra pour nous punir ». « Feet are silent »
Jusqu’où va la paranoïa de ces « ras la casquette » ? Le « Modern time », un journal local a été suspendu une semaine. Pourquoi ? Ouvrez bien les yeux, vous n’en croirez pas vos oreilles : pour avoir osé changer l’entête des prévisions météorologiques sans leur permission. (C’était peu avant la date anniversaire de la révolution safran de 2007) « Feet are silent »
Des journalistes passent régulièrement en Thaïlande pour faire parvenir des informations destinées aux medias étrangers. « Lorsque nous sommes en dehors de notre pays, nous n’entendons que l’écho de ce qu’il s’y passe. Nous n’avons plus le contact avec la réalité. Alors nous restons chez nous, au péril de notre vie, pour entendre notre propre musique, pour en saisir toutes les distordions de sons et de tons et ce qu’elles signifient. C’est notre histoire et il faut que nous continuions de la reporter ». « Feet are silent »
Tinn Oo (nom d’emprunt) confie au Bangkok Post : « La junte ne nous considère pas comme des journalistes faisant notre métier d’informer, pour eux, nous sommes des espions, des éléments destructeurs du pays. De « LEUR » pays ! « Feet are silent » FEET ARE SILENT.
J'aurais pu aussi intituler ce post "Hymne aux journalistes" Il y avait longtemps que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi beau : "écouter notre propre musique au péril de notre vie"
J’écrivais cet article il y 5 ans. Il concernait la Birmanie où les choses n’ont pas beaucoup changé. A part pour le business et le fric qui va dans les poches des mêmes : l’armée déguisée en civile.
Que rajouter ? Qu’en Thaïlande, les journalistes sont aussi silencieux, comme les pieds. De toute façon, la Thaïlande est un pays qui n’existe pas.
« Soyons invisibles » n’est-ce pas le proverbe des dictateurs qui ferment leur pays au monde (j’ai pas dit aux touristes et aux businessmen), baïonnent leur média, dissuadent les journalistes étrangers de venir faire leur travail et « mettent en camp de redressement » ceux qui parlent ou écrivent ? Parce que se taire rend le pays invisible.
Ce "pays qui n’existe pas" est apparemment ouvert, mais ce n’est qu’une illusion ; En fait il est verrouillé par un psychopathe. La seule vision que l'on a de ce pays est diluée dans les images d’Epinal propres aux pays tropicaux : cocotiers, plages de sable blond, mer couleur d’émeraude, et millions de bars avec filles pas cher... et pour cause.
Ce "pays qui n’existe pas", sur lequel les lumières médiatiques ne brillent pas ou plus est aussi celui où l’on enseigne l’histoire comme une leçon de moral, et avec à sa tête, un homme ni mort ni vivant, lui aussi invisible.
Il ne se passe jamais rien dans ces pays invisibles. C'est bien connu.
Muet comme des pieds et avec des œillères.
En 95-96 on essayais de parler des crimes commis par un régime birman financé par Total et le gouvernement français.
Il y avait très peu d'article et si les journalistes français étaient muets comme des pieds sur les violations des droits de l'homme dans le pays, ils profitaient d'une campagne extraordinaire de Total, des pages pleines de pubs
Et si les pleurs des enfants birmans, karens, shan et autres ethnies torturés par des militaires armés par Total, n'avaient pas d’échos en France, les pleurs d'une femme dans sa voiture consolée par un pompiste de chez Total passait tout les jours sous nos écrans pour nous montrer combien cette compagnie avait du cœur.
Aung San Siu Kui dénonçait le soutient énorme que Total et la France apportait à ce pays et se demandait comme le pays des droits de l'homme pouvait soutenir ces criminels, quelques semaines avant de pouvoir entrer au parlement Alain Juppé est venu la voir, elle s'est ensuite exprimé positivement sur Total et la France l'a alors autorisé à devenir député.
Moi je n'étais pas journaliste mais j'avais juste fais des vidéos dont l'interview de militaire karen clairement en guerre contre Total (ils avaient lancé une attaque sur le camp de base Total), qui parlaient de l'augmentation des effectifs militaire et de l'arrivé des hélicoptères polonais (payé par Total pour la Birmanie d'après Lech Walesa) qui ont changé l’équilibre de la guerre. A mon retour en France mon téléphone était bombardé d'appel d'erreur, l'amie journaliste que j'ai contacté ensuite a été bombardé d'appel d'erreur juste après mon appel et finalement la cassette vidéo a été volé.
Les journalistes français, aujourd'hui au ordre de l'OTAN son muets comme des pieds quand des chrétiens ou des musulmans son décapités par des islamistes financés par la France en Syrie...
Qui finance les islamiste en Thaïlande ?
D'où viennent-ils et par qui ils ont été créé et entrainés ?
Qui a créé des divisions entre nord centre et sud, entre pauvre classe moyenne et riche, entre bouddhiste et musulman ?
Qui a intérêt à diviser le pays ?
Je sais qui va rester muets comme ses pieds devant ces questions et je sais que les militaires au pouvoir actuellement sont là pour empêcher l’éclatement du pays.
Rédigé par : Thailande_pays | 15/05/2015 à 06:25
Les infiltré(e)s ont le pouvoir, les initié(e)s ont la conscience.
Comme gouverner c'est soit selon Le LAROUSSE :
Exercer son empire sur quelqu'un, quelque chose, les dominer.
ou
Être maître de sa vie, de ses sentiments, etc., les diriger, les mener à son gré.
A chacun(e) de choisir sa propre liberté qui n'a rien à voir avec la démocratie qui est un régime politique !
Rédigé par : Chris NN | 16/05/2015 à 23:45
JE ne regarde jamais les définitions du dictionnaire, Larousse ou autre, mais voilà une bonne définition de ce qu'est la gouvernance :
Gouverner c'est donner la priorité aux objectifs sur la base de ce qui est le plus urgent ou le pus nécessaire pour le peuple. Le rôe d'un gouvernement (qui gouverne) est de SERVIR LES BESOINS D'UN PEUPLE
Rédigé par : Michèle Jullian | 17/05/2015 à 10:23
C'est une belle définition mais le dernier homme politique qui a appliqué cette definition à la lettre c'est Hugo Chavez, qui est mort d'un cancer fulgurant.
Cancer fulgurant et crise cardiaque, c'est les 2 maladies qui touchent trop souvent les resistants des temps modernes, comme Samak quand il a compris pour qui travaillait Thaksin et avait decider de prendre le controle du mouvement.
Rédigé par : Thailande_pays | 17/05/2015 à 13:55