La vie est toujours plus compliquée que l'analyse. Et comme dans la fable de la Fontaine, « nous allons vous le démontrer tout à l’heure », enfin tout de suite en ce qui me concerne. Avec des faits qui ne valent qui si l’on ne s’arrête pas qu’aux seuls faits justement.
Hier soir je rejoignais une amie qui partait le lendemain pour la Thaïlande et pour la première fois. Je prenais un taxi pour rejoindre un quartier populaire du nord de la capitale où nous devions nous retrouver pour un restaurant… thaïlandais. A la station, je monte dans un taxi en attente, m’assieds, le chauffeur met son compteur en route, je lui donne ma destination. Il s’arrête aussitôt et me débarque « non je ne vais pas dans le nord de Paris à cette heure (Il est 7 H du soir), prenez un autre taxi !». Qu’est-ce qu’il a voulu dire : « un autre couillon ? » J’obtempère. Et attends une autre voiture… qui arrive.
Je dis tout de suite ma destination avant que Mr taxi mette son compteur en route. Il démarre, pas content. J’essaie d’entamer une banale conversation afin, non pas de dégeler l’atmosphère, mais plutôt de faire descendre de quelques degrés l’énervement du conducteur qui se cure violemment les dents avec un morceau de plastique vert. Il ne répond pas. Je me tais donc. Et, sans me demander mon avis monte le son d’une radio qui hurle en arabe. Ça parle de football ! Puis le chauffeur appelle quelqu’un au téléphone, démarre une conversation moitié arabe moitié française, conversation ponctuées bizarrement d’etcétéra toutes les 3 phrases.
Je ne dis rien.
Au moment de traverser la Seine, Mr taxi descend sa vitre avec rage et invective un collègue à l’arrêt à un feu : « t’es con d’avoir laissé passer ce connard de VTC, fallait le bloquer ! » « T’aurais voulu que je lui rentre dedans ? » lui répond le collègue. La température monte dans la voiture, je garde le silence.
A partir de ce moment-là, c’est la chasse aux VTC en question. D’abord à celui qui est devant nous et qui nous distance très vite, ensuite à tous les autres prétendus VTC. « A quoi vous les reconnaissez je lui demande ? » « Ce sont toutes les voitures immatriculées en Allemagne ou en Belgique » ! « VTC de merde, tous pourris, tout comme le gouvernement de ce pays de merde. Tous des brebis. Ils savent mais n’empêchent pas les VTC de circuler. Ils touchent tous des pots de vin. France de merde ».
Je reste stoïque. Je m’accroche car c’est parti pour une course poursuite genre gymkhana qu’aucun policier n’arrêtera. Et il continue en espérant sans doute que je l’approuve « Gouvernement nulle, avec un chef nulle, une brebis ! » Mais qu’est-ce qu’elles lui ont fait les brebis ? « VTC de ta race ! des brebis ! vous savez ce que c’est que les VTC ? » J’ai envie de lui répondre « oui des chauffeurs polis, des voitures propres et silencieuses, de bons conducteurs », mais je reste stoïque. « Euh ? » « Et vous qu’est-ce que vous allez faire dans le nord de Paris c’est là que vous habitez ? Envie de lui répondre que ça ne le regarde pas, me contente de : « c’est là où je vais ». « Ben avec toutes ces brebis on n’est pas encore arrivés ». J’ai envie de faire « bêêêêêêê » mais me retiens. Me retiens aussi pour ne pas lui balancer la formule consacrée : « si vous n’êtes pas content hein, vous n’êtes pas prisonnier ici ! » Je me retiens.
Alors il met une radio française sur le foot, à fond la caisse. J’admire mon calme stoïcien.
Il tourne dans une petite rue, elle est fermée à la circulation. Coup de frein brutal, klaxons intempestifs et répétés et recul violent sans regarder à l’arrière, manque de renverser une jeune femme sur sa moto. C’est lui qui hurle, toutes vitres baissées « vous n’avez pas vu ? » « Mais monsieur" dit poliment la jeune-femme," vous avez failli me renverser ». « C’est ça, va porter plainte, et va m’accuser de raciste tant que tu y es » ! Je me mets un pavé sur la langue pour ne pas lui hurler, qu’il n’y a qu’un seul raciste ici, lui. Mais je ne veux pas envenimer la situation et je sais que mon amie m’attend, alors je continue de me taire.
Il me dépose à destination. 17,60 euros au compteur. Je n’ai pas l’intention de lui laisser le moindre pourboire, manquerait plus que ça, mais je dis « rendez-moi sur 18 euros » pour qu'il n'aie pas à charcher trop longtemps la monnaie. Il me jette 2 euros en me crachant avec mépris « Super, l’affaire du siècle ! » et démarre alors que je n’ai pas encore mis les deux pieds sur le bitume.
J’étais donc une sale française, voire, une brebis… et finalement une mauvaise affaire !
Je dois avouer que c’est la première fois qu’une telle aventure m’arrive.
Mon retour à 11 H du soir n’a pas été mieux, sur le plan de la sécurité, mais point trop n’en faut.
La vie est donc plus compliquée que l’analyse. Encore un peu et j’aurais presque souhaité qu’un général Prayut Chan Ochacha vienne mettre de l’ordre ici. Attention ! Je n’ai pas dit que je souhaitais une dictature militaire en France, quoique !... ça m’a effleurée, l’espace de quelques secondes. Comme quoi, on peut être violemment contre la dictature et parfois avoir la tentation d’un ordre militaire.
Mais entre le laisser-aller sans contrôle, sans sanction, et le contrôle mitraillette au poing, il doit bien y exister une alternative non ?
à la question " il doit bien y exister une alternative non ?" on pourrai répondre : "oui, une stricte application de nos lois républicaines et un respect de nos principes de laïcité... ainsi qu'une simple mise en place de lois de "préférence nationale" à l'instar de beaucoup d'autres pays ! mais voilà, la préférence nationale dans notre beau pays est assimilée à une forme de ségrégation...
Je me demande bien quel sentiment de culpabilité (où quels intérêts !!) peuvent avoir nos "élites" par rapport à ce principe ?
Rédigé par : eric bedel | 28/06/2014 à 12:20
Les choses ne sont pas compliquées , C'est nous qui les compliquons .
Rédigé par : Vie_minimale | 20/09/2014 à 16:08