Le blog de Michèle Jullian: Le banal dans son humanité….. L’humanité dans sa banalité

Comment conserver une certaine jeunesse d’esprit ? En s’étonnant de tout. Faculté innée ou cultivée ? Les deux je pense. Avec aussi une capacité à s’enflammer, à réagir (action réaction) Donc pas l’un sans l’autre.

Je ne m’intéresse pas particulièrement à la politique, en revanche je m’intéresse aux faits qui découlent de la politique, car ils ont un impact sur le mental des populations tout comme le climat affecte leur humeur.

La Thaïlande ne m’intéresse pas seulement pour ce qu’elle donne (donner à tout le monde, c’est donner à personne), elle me passionne pour son passé et les évènements qui l’ont façonnée, pour les choix qu’elle a fait au cours de son histoire, ses allégeances, ses conflits et ses compromissions. Et je tente toujours d’être sensible aux vibrations qu’elle dégage dans ses non-dits.

Elle est à mille facettes la Thaïlande, donc ne rien prendre pour argent comptant et pourtant tout accepter comme si c’était vrai. Le monde est paradoxal, ambigu la Thaïlande aussi. Elle est banale, matérialiste, humaine en somme, elle veut manger, profiter, jouir, mais elle est aussi burlesque (regarder la télévision vous convaincra), kafkaïenne, absurde. Elle est poétique et mystérieuse. J’ai un spécimen de tout ça à la maison ! Alors résumer un ressenti de la Thaïlande en j’aime/j’aime pas est ridicule. Je continue de l’explorer dans mes rêves et dans la réalité, le reste n’est que carte postale !

Est-ce que tout est vrai ? Imaginaire ? C’est au choix… et au fond, c’est un peu pareil. Le visible et l’irréel. Tout n’est que voyage et exploration.

Le réel :

Hier, hôpital, une déchirure musculaire pas soignée en France, donc Ram, hôpital privé. Rencontre avec Dr Yupapan. Je passe sur l’efficacité et la gentillesse du personnel. On me prend en photo (c’est nouveau, comme dans les aéroports). « Oh vous êtes jolie ! » « Vous pouvez écrire votre nom.. » Je m’exécute, en thaï. « Oh, vous écrivez mieux que moi !’ On a presque envie d’être malade pour venir se faire soigner ici tant on se sent déjà mieux après les compliments. Politesse oblige !

X rays, résultats, passage chez le kiné... je vais bientôt pouvoir reporter mes valises à bout de bras ! Et revisite chez Khun Yupapan qui, curieux, me pose quelques questions. Et la conversation s’engage : mon parcours, mon blog, mes romans, mes voyages, mon intérêt pour la "chose" thaïlandaise. Ça l’intrigue ! Au-delà des politesses, c’est parti pour un véritable échange. Dr Yupapan évoque ses voyages en Europe, son éblouissement pour le soleil de minuit, les fjords norvégiens et sa croisière sur la mer Baltique. On compare nos pays : les interdits d’ici et de là-bas. Etonnements de sa part. Ah oui ? Ben oui. On parle démocratie. Ah la démocratie ! Il admet qu'elle n'xiste pas vraiment en Thaïlande. Je lui dit qu’en France, elle est parfois discutable. On parle travail, chômage. On n’évite pas la politique. Je lui dis que j’étais il y a quelques jours à Lumpini. Visage incrédule et presque horrifié de Yupapan. En même temps, je présume qu’il n’est pas pour les « Rouges » Je le pousse un peu dans ses retranchements. Rien n’est dit explicitement. En Thaïlande il faut traduire les blancs et les non-dits, plus importants que les discours. Il n’est pas pour le gouvernement actuel c’est évident. Avec cette dernière phrase d’une clarté absolue : « La démocratie, ce n’est pas juste le vote » !

On se quitte à regret. Il prend mes mains avec effusion par trois fois, car à chaque fois, on reprend la conversation. Il a compris que j’aimais son pays sans que j’aie eu besoin de lui dire explicitement. C'est tout l'art d'une vraie conversation.

4 Commentaires

Ces mille facettes de la Thaïlande... Plus une pour se regarder dedans. Je n'avais encore jamais trouver les mots pour exprimer cette étrange sensation de retour à la maison que je ressens quand j'arrive là-bas.

Rédigé par : Jean-Claude Torelle | 28/03/2014 à 12:43