Les langues me passionnent, les étrangères et puis la mienne surtout. L’anglais par exemple est pour moi synonyme de liberté, puisque c’est avec elle et en son nom que je me suis éloignée de ma famille pour vivre et étudier à Londres.
Acquérir une nouvelle langue c’est pénétrer, habiter un nouveau monde, c’est découvrir toute une gamme de sensations abstraites différentes. C’est même devenir soi, un peu différente.
Chaque langue humaine est une fenêtre qui s’ouvre sur les expériences infinies de la vie. Si l’on parle environ 6000 langues sur notre planète, elles ne sont pas statiques, au cours de chaque génération, de chaque décennie, elles évoluent. Chaque quartier, chaque région, chaque métier élabore son propre vocabulaire sa propre syntaxe. « Nul doute qu’il y a des « béances » entre classes ». (selon Claude Hagège) Donc tenter de se comprendre, c’est finalement « traduire » en fonction de ce que nous sommes, de nos origines, de notre éducation. On n’entend pas tous la même chose à l’écoute d’un même mot, que dire d’un discours ?
J’écrivais une note lors de mon passage à Udon (nord-est de la Thaïlande où vit grand nombre de retraités de toutes nationalités), note reprise par le magazine GAVROCHE de ce mois de septembre. J’écrivais mon étonnement que je traduisais ainsi :
« Tant de richesses jetées dans un univers de misère cachée et de précarité, c’est une provocation, un attentat à la pudeur, un choc dont j’ai du mal à me remettre. Des magasins regorgent des derniers modèles de télévisions, d’appareils ménagers ultrasophistiqués, le tout digne des émirats arabes unis. Désespérément vides ou presque. Des restaurants pour nourrir toutes les villes d’Isan réunies, avec une attirance pour le japonais, le coréen. Une abondance qui ne correspond pas aux réels besoins d'une population plutôt pauvre. Celle qui travaille dans les rizières pour nourrir le reste de la population.
En Europe, les magasins grandissaient avec le pouvoir d'achat des gens, ici, on éclaire des centres pour millionnaires, des malls qui clignotent nuit et jour et disent, dans la fraîcheur de leurs allées multiples dans lesquelles on se perd… « Venez, vous les pauvres, ceux qui ne connaissent l’air conditionné que dans ces centres, le bonheur est ici, dans la consommation sans limite. Débrouillez-vous pour trouver l’argent, nous on se contente de tout vous proposer. Avec le bonheur en plus ».
Un « charmant » farang… - vous voyez qu’on ne parle pas tous la même langue, même si on utilise les mêmes mots… prenez le mot "charmant" et traduisez le comme vous voulez, pour moi ça veut dire tout sauf « charmant ». Donc un charmant farang "retiré" en Isan a pris la peine d’aller à la poste, de payer un timbre et de m’envoyer ses remarques sur cet article paru dans GAVROCHE. En résumé il me reproche mon manque de compassion pour les Isan, car lors de mon séjour à Udon j’ai eu l’outrecuidance de loger dans le meilleur hôtel de la ville et de prendre des photos de pauvres gens faisant les poubelles (sans devoir me justifier, ce qu’il ne sait pas, c’est que j’ai parlé à cette pauvre femme, je lui ai donné de l’argent ( on n’est pas quitte pour autant mais que pouvais-je faire d’autre ? Elle m'a donné son sourire en échange et la permission de la photographier)…
Donc "monsieur farang retiré en Isan" a été choqué que j’aie pu écrire un billet sur la distorsion entre richesses étalées du « mall » genre singapourien et la misère environnante. Il m’accuse (enfin vous accuse du même coup chers lecteurs) « de n’être entourée que de fausses amitiés," amitiés de salon" précisément et donc d’une cour, miroir d’une certaine société »
Rengaine déjà entendue par un autre « retiré » qui lui m’accusait de dominer ma "cour "du haut de mon « atrium » (je vous jure qu’il a écrit ce mot latin !!)), d’autres avaient déjà qualifié mes lecteurs de bobos parisiens (sic) ou pire, « d’otaries » applaudissant à chacune de mes notes ou de mes photos.
Je vous laisse juge.
Et pourtant c'est toujours si juste. Ce que tu dis!
Rédigé par : Lyanely | 14/09/2013 à 16:36
Ahah Lyanely !! Comme quoi....en tout cas je ne cherche jamais la confrontation ni la polémique comme cela arrive fréquemment dans beaucoup de forums... Si on ne voit qu'une Thaïlande rose, alors c'est qu'on a besoin de bonnes lunettes. De même que si on ne la voyait que sombre. elle est bien sûr l'une et l'autre à des dosages différents selon les périodes... Là elle me semble un peu noire avec toutes les attaques et un mot d'une grossièreté inouïe à l'adresse de Yingluck. Ceux qui veulent enrichir leur vocabulaire vont se régaler, mais encore faudra-t-il le prononcer correctement... et je doute que les épouses ou amies osent donner la bonne prononciation ! A bientôt...
Rédigé par : Michèle Jullian | 14/09/2013 à 18:06
Désolant qu'un "retiré" ne pratique pas la retenue... :-)
Rédigé par : Jean-Claude Torelle | 03/11/2013 à 14:55