L’Asie, je vais bientôt la retrouver… je dis l’Asie parce que les 85 m2 achetés à Chiang Mai constituent mon pied à terre asiatique, pas ma retraite thaïlandaise, mais plutot mon point de depart et de rencontres.. Nimmanheimin ou je réside est bouillonnant de vie, parce que concentration de facs et d’étudiants, de profs anglo saxons et de quelques écrivains, à la quasi exclusion des touristes et backpackers dont je ne fuis pas la compagnie bien au contraire, mais avec lesquels je me sens parfois en décalage. Tout les émerveille, un stade que j’ai forcément dépassé avec le temps et l’éloignement pris volontairement d’avec ce pays de prédilection. J’entretiens toujours mes capacités d’émerveillement mais avec plus de parcimonie pour que tout ne se confonde pas dans une admiration systématique et fourre-tout. Entretenir le choc culturel pour ne pas tomber dans l’exotisme convenu.
J’ai choisi de vivre dans le nord de la Thailande, ancien royaume de Lanna, (il vaudrait mieux écrire lan na : millions de rizières) et dernier royaume à être rattaché au Siam, terre de croisements de cultures des minorités ethniques de montagne. Richesse visible de ces cultures grâce au costume dont se parent toujours les anciens. Beaucoup de jeunes, issus de ces cultures anciennes (Akha, Lissu Hmong etc..) originales par leur langue, leurs rites, leur religion ou croyance, ont tendance a se fondre dans le « tout thaï de la ville »
L’éducation nationale thaïlandaise fait son travail d’intégration : une langue, une croyance, dans une mouvance vers la modernité donc l’uniformité.
Je suis touchée par la fragilité de ces dernières cultures ou civilisations qui disparaissent pour basculer dans la frénésie de changement dont est prise la Thailande aujourd’hui.
Marie, le personnage central de LA OU S’ARRETENT LES FRONTIERES* se trouve confrontée à ces basculements.
Extrait : « Tous partis. Morts…ou à la ville, c’est la même chose » c’est bien lui qui avait dit ça tout à l’heure aux étrangers. Une petite phrase anodine, mais elle était le nœud du problème ou plutôt de la tragédie qui touchait sa famille. Une famille qui avait perdu une fille et une mère, une famille sans femme comme l’avait constaté Marie.
- Les écoles ont volé nos enfants.
Le silence planait à nouveau dans la hutte.
- A-Paï, comme tous les jeunes, ne voulait plus rester à la maison. « Il n’y a pas de futur dans ces montagnes » disait-elle. « C’est vrai, nous ne sommes que des pauvres paysans, on travaille dur pour envoyer nos enfants à l’école comme le demande le gouvernement. Notre seul souhait, c’est qu’ils reviennent au village. Mais une fois en ville, c’est fini, ils sont perdus pour nous, ils ne veulent plus nous parler, ils ont honte de nous. Tous les anciens pensent qu’envoyer les enfants à l’école, c’est les perdre pour toujours ».
Maw-Maw présenta un bol de riz cuit le matin à son père d’abord puis à chacun des invités. Le riz était garni de lanières de porc, du cuir plutôt dur à mâchouiller, la viande est un luxe chez les karens. Tha-Bu-Kho se concentra sur son bol qu’il lapa en quelques secondes. Son fils le remplit à nouveau de riz, mais sans viande cette fois. Il avala cette deuxième portion avec la même concentration silencieuse. Manger n’était pas un plaisir chez les karen, c’était donner du carburant à la chaudière pour que la machine puisse continuer de travailler.
Lorsqu’il eut avalé le dernier grain de riz, l’homme reprit son monologue avec une obsession monotone :
- L’école est une menace pour notre identité. L’éducation fait des frustrés de nos garçons et de nos filles. Les enfants des villes ont les meilleurs jobs, aux nôtres, on donne les travaux à hauts risques et mal payés en plus, comme si nous étions un sous-produit. Nos enfants sont perdus, étrangers à leur culture et incapables de s’intégrer dans la nouvelle société qui les repousse. Alors parfois, ils volent, ou ils se droguent. On dit qu’il n’y a pas de travail dans les villes, mais ici il y en a du travail, dans les champs ou la forêt. Et ici on n’a jamais faim »..
Cette jeune-femme, institutrice d'origine Karen est revenue au village, rendre visite à ses parents
* LA OU S'ARRETENT LES FRONTIERES . Les editions de la Fremillerie
A vrai dire, vous avez actuellement seize années d'avance sur mes projets de vie en Thaïlande. Mais est-ce que le système économique libéral auquel nous sommes encore soumis en 2012, permettra une digne retraite aux salarié(e)s actuels à l'horizon de 2025 ?
Les françai(se)s vivant et/ou travaillant en Thaïlande sont utiles aux bonnes relations bilatérales entre les deux pays : France - Thaïlande. Le nouveau Président de la République Française : François Hollande sera-t-il répondre à la main tendue de Yingluck Shinawatra lors de sa visite officielle au 20 juillet 2012 à Paris ?
Rédigé par : Chris NN | 08/09/2012 à 18:43
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Rédigé par : Michèle Jullian | 08/09/2012 à 23:31