Trop de soumission aux professeurs, à leurs moqueries, leurs sarcasmes, leurs coups parfois, pourrait-elle tenter les élèves d’écoles primaires en Thaïlande à se droguer ? La question pourrait se poser en France, mais dans l’autre sens : les professeurs seraient-ils tentés de se droguer pour oublier les menaces et violences de certains de leurs élèves ? Au « pays du sourire », la soumission aux professeurs est légendaire : des pratiques culturelles anciennes qui exigent que les jeunes honorent professeurs et aînés sans jamais les « défier », ou plutôt sans jamais les "humilier" par des questions auxquelles ils risqueraient de ne pas pouvoir répondre. Question de « face ». On est en Asie.
Il y a quelques jours, dans une école primaire de Bangkok, 80 élèves de 10 à 12 ans ont été amenés d’urgence à l’hôpital. Pour intoxication aux cachets contre la toux, du genre de ceux qui se vendent « sous le comptoir », et contenant du dextromethorphan. Certains enfants ont du subir un lavage d’estomac et sont toujours en observation. Un jeune revendeur de 16 ans leur avait fait croire qu’avec ces cachets à 1 bath seulement (0,02 centimes), ils supporteraient la pression des examens, les moqueries de leurs professeurs, ne souffriraient plus de rien, et obtiendraient même une plus jolie peau. Comprendre : « une peau plus blanche ». On peut être naïf à 10 ans, mais pour vivre ici depuis plusieurs années et pour y avoir enseigné français et anglais dans différentes écoles : Udorn Phitayanukul, St Mary’s school, Rajabhat University a Udorn Thani, j’ai pu constater les dégâts d’une trop grande soumission aux professeurs. Ce qu’on demande aux élèves en priorité c'est « d’obéir aux ordres » et de « répéter ». Les professeurs ont des petits salaires mais sont fiers de leur prestige. Du coup, les élèves ne se risquent jamais à leur poser la moindre question, afin de ne pas les mettre en difficulté. Lorsqu’on demande aux enfants de se manifester en levant la main pour répondre à une question, aucune main ne se lève jamais. C’est très agréable cet assujettissement, mais les premiers jours passés, on se sent très vite frustré. En tant qu’enseignante occidentale, mon gros problème était de faire comprendre a mes élèves, « qu’ils devaient penser par eux-mêmes » et non comme l’ensemble du troupeau. Ce qui me valait l’étonnement sincère et incompréhensible de l’ensemble de la classe. L’école thaïe en général, tue toute envie de créativité, de curiosité et ne favorise pas l’esprit critique. Un journaliste écrit même dans le "Bangkok Post" d'aujourd'hui : " Y aurait-il quelques leçons qui vanteraient les mérites de ceux qui valorisent l'esprit critique, de ceux qui pensent autrement ? Est-ce qu'on encourage nos enfants a "penser par eux-mêmes ?". Pourquoi le pays est-il tant en manque de penseurs talentueux et d'esprits curieux ?"
La soumission est aussi une image traditionnelle de la femme asiatique… C’est peut-être cela que recherchent certains occidentaux. Et pourquoi voit-on si peu de femmes européennes mariées à des asiatiques en Thaïlande ? Parce que les hommes thaïs seraient plutôt macho et auraient beaucoup de mal a supporter l’indépendance des femmes occidentales. Sauf peut-être certains qui se font moine ! (Khaw thawt na kha Phra Nu. Shan khit thung maak maay)
Les commentaires récents